Dans le cadre d’une consultation très restreinte, la Table des regroupements provinciaux d’organismes communautaires et bénévoles (Table) dénonce le projet de Politique gouvernementale de prévention en santé. En plus de critiquer le processus d’élaboration de ce projet, la Table en dénonce le contenu, qui responsabilise et culpabilise l’individu plutôt que de miser sur les déterminants sociaux de la santé. La Table rappelle aussi au gouvernement que des services publics et des programmes sociaux de qualité sont essentiels à la réalisation du droit à la santé. Il s’avère donc totalement incohérent que le gouvernement propose une telle politique tout en appliquant une série de mesures d’austérité qui appauvrissent la population.
Plusieurs acteurs n’ont pas été consultés dans l’élaboration de la politique proposée; à ce stade, celle-ci est sur le point de se finaliser puisque son dépôt est prévu au début de l’année 2016. « En plus d’arriver en fin de parcours, le milieu communautaire, fort de son expertise en prévention et promotion de la santé, est majoritairement exclu de la présente consultation » de s’indigner Michel Morin, administrateur de la Table. Soulignons que, pour la suite, la députée Véronyque Tremblay n’a montré aucune ouverture à ce que la Politique soit officiellement présentée dans le cadre d’une consultation parlementaire.
Le projet de politique présenté manque de vision globale. « La plupart de ses orientations sont axées sur l’individu. Pourtant, agir au niveau de la prévention en santé, c’est intervenir sur tous les déterminants sociaux de la santé, ceux-ci ciblant surtout des éléments structurels et collectifs » souligne Mercédez Roberge, coordonnatrice de la Table. « De plus, plusieurs sujets sont manquants ou insuffisants : rien sur la violence faite aux femmes, l’itinérance, la solitude, la situation des personnes immigrantes, les discriminations, l’amélioration de l’empowerment, la littéracie en santé, l’alphabétisation, la responsabilité des industries et celle du gouvernement ou les conditions de travail » ajoute-t-elle. Bien que des sujets comme les besoins des proches aidants ou la fiscalité progressive soient déjà bien documentés, le gouvernement annonce qu'il se limitera à les évaluer dans le cadre de futurs chantiers.
Les choix politiques et économiques du gouvernement actuel sont complètement incohérents avec les objectifs d’une politique de prévention en santé. « Le projet de politique reste totalement silencieux sur l’importance des services publics et des programmes sociaux de qualité. Ces instruments, qui subissent actuellement d’importantes coupures, sont pourtant essentiels pour améliorer la santé par la réduction des inégalités sociales » de rappeler monsieur Morin. « Pour des considérations économiques, la présente consultation invite d’ailleurs à prioriser les actions à poser pour la prévention en santé. Pourtant, le gouvernement peut agir globalement en allant chercher le financement nécessaire par des mesures fiscales plus justes. Le gouvernement démontrerait ainsi qu’il se soucie de la santé et du bien-être de toute la population, au-delà de toute considération économique » de conclure madame Roberge.